L’art et la chirurgie plastique

L'art et la chirurgie plastique

La recherche de la beauté est au cœur des demandes des patientes et patients que nous recevons dans nos cabinets.

 

Beauté qui s’est enfuie par prise de poids qu’un régime ou une chirurgie bariatrique tentera de retrouver mais le recours à la chirurgie plastique est hélas souvent nécessaire.

Beauté qui a été malmenée par l’enfantement et que la patiente voudra à juste titre retrouver.

 

Beauté qui s’est atténuée au fil des années…

 

Plusieurs parties du corps seront affectées par les outrages de la vie, du temps et des épreuves.

 

L’art va nous guider dans sa perception de la beauté par les représentations qu’il en fait au cours des siècles.

 

Les artistes grecs de l’époque classique et hellénistiques ont cherché une représentation mimétique de la nature. Par l’étude du corps humain ayant pour but une offrande aux dieux ou à la glorification d’un héros, la représentation a entrainé une certaine idéalisation pour évoquer les valeurs divines ou héroïques. Ces artistes ont recherché un système de proportions idéales, ils allaient étudier l’anatomie des plus beaux corps autour des gymnases. Il s’agissait de trouver des formules mathématiques, révélatrice de l’ordre divin au sein de la nature, inscrites dans la nature elle-même. Ces réalisations ont abouti aux canons de Polyclète (vers 440). La culture de la Renaissance reprenant le modèle antique a peu à peu imposé cette recherche de la beauté naturelle souvent nuancé plus ou moins d’idéalisation. Selon les époques suivantes les artistes puiseront dans ces critères de beauté leur inspiration.

 

Ces différents modèles vont s’être ancrés dans une représentation idéale de l’être humain.

 

Nous allons ainsi passer en revue quelques œuvres de peintres et sculpteurs qui vont nous éclairer et nous inspirer dans leur perception de la beauté et inconsciemment ou non vers les résultats espérés de nos interventions de chirurgie plastique, esthétique et réparatrice à la recherche de la beauté éternelle.

 

Pour initialiser ces critères de beauté nous allons nous préoccuper en premier lieu de la silhouette féminine et masculine.


Etude des statues de bronze d’Aristide Maillol

Analyse de ces modèles 

 

L’artiste définit la beauté de la femme par sa taille fine.

 

La poitrine est haute, de volume modéré et bien projetée.

 

Le ventre est arrondi.

 

Les fesses sont denses, projetées et harmonieuses, ni trop grosses ni trop petites.


La « culotte de cheval » ou graisse per trochantérienne est inexistante tout comme la graisse au niveau des genoux.

 

Les hanches sont un peu marquées sans excès sur la statue vue de dos.

 

Chez l’homme la silhouette est bien différente, rectiligne sans « ventre » ni taille.

Comment les peintres retranscrivent-ils la beauté féminine ?

 

Certes leurs critères personnels de beauté leur ont fait sélectionner leurs modèles dont ils ont peut-être idéalisé les formes sur leurs toiles mais certains critères se retrouvent à travers leurs œuvres.

 

Cette intéressante photo de l’atelier de Rosenberg nous montre le cheminement artistique du peintre entre son modèle et l’œuvre créée :

Les peintres ont montré la beauté féminine dans sa globalité mais aussi dans sa partialité c’est à dire appareil par appareil en quelque sorte.

 

En premier lieu la silhouette, quoi de plus démonstratif que ces œuvres représentant la naissance de Vénus de CABANEL et BOTTICELLI.


D’emblée la taille fine est mise en évidence, les seins, les hanches et les fesses peut être « améliorées » par le peintre sont harmonieuses, tout en courbe, ni trop grosses ni trop petites.

 

L’atmosphère générale du bleu est une ode à la beauté, à la naissance, ciel et mer dans leur bleu originel déposant Vénus sur la grève.

 

L’allégorie des anges soulignant le caractère divin de la beauté.

 

La longue chevelure est partie intégrante de cette beauté transcendantale.

Comment représentent-ils la poitrine ?

La poitrine est de taille modeste ou modérée.

 

Les seins sont bien projetés et l’émotion est présente dans toutes ces toiles.


Comment le « ventre » est-il représenté par les peintres ?

 

Les sculpteurs comme les peintres conservent une certaine rondeur au ventre signe ancestral de fertilité.


Le passage de la jeune fille à la femme est illustré par le peintre dans le tableau de 
Mme Vigée Le Brun, la jeune fille au ventre plat désignant le ventre arrondi de sa mère.



Comment les fesses sont-elles représentées ?

 

Les fesses sont représentées de façon harmonieuse par les peintres, denses, toniques sans excès ni trop peu de volume :


Comment les membres inférieurs et supérieurs sont-ils interprétés ?

 

Les membres inférieurs et supérieurs sont longilignes en harmonie avec le reste du corps contribuant à affiner le corps 


Comment le visage est-il représenté ?

 

Le visage nous amène chez les portraitistes comme Vigée Lebrun qui sélectionne et reproduit de bien jolis portraits où règnent élégance, finesse et harmonie, 


Le nez long, fin, légèrement retroussé.

 

Sur le profil, la mâchoire inférieure légèrement en retrait définissant ainsi la classe I chère aux orthodontistes de nos jours, qui eux se sont inspirés des analyses radiographiques de quelques mannequins contemporains au visage parfait.

 

De face, les trois étages de la face (supérieur, moyen et inférieur) sont comparables en hauteur.

 

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Cette brève réflexion sur la beauté demeure au cœur de la réflexion du chirurgien avant toute intervention et illustre la difficulté de notre métier.

 

Première difficulté, peut on apporter une réponse à la demande formulée ?

 

Deuxième difficulté le résultat envisageable apportera-t-il la réponse attendue par le ou la patiente ?

 

Plusieurs interventions peuvent être nécessaires pour obtenir le résultat attendu. 

Les techniques existantes permettront elles de solutionner le problème à résoudre ?

 

Le patient sera-t-il compliant aux demandes de coopération indispensables à la réussite de l’intervention (sevrage du tabagisme actif ou passif, repos indispensable à la bonne cicatrisation en post opératoire…) et permettant de limiter les complications post opératoires ?

 

Et enfin, va-t-on pouvoir créer le chef d’œuvre tant attendu par la patiente ou le patient qui permettra de guérir son âme meurtrie tout comme son corps ?

 

Car en effet, thérapeutes nous sommes et demeurons.

 

Les psychiatres courageux reconnaissent guérir vingt pour cent de leurs patients par des médicaments, une psychothérapie, des cures…

 

Nous avons la chance de guérir bien plus de patients dont la guérison après chirurgie dite esthétique ou non se manifeste par des témoignages quotidiens et qui une fois opérés se renarcissisent (se reconnaissant belles ou beaux) leur permettant de s’accepter de reprendre confiance en eux et d’affronter ainsi les défis de l’existence sans douter de soi c'est-à-dire de son physique que l’on moquait, du regard des autres, compassionnel, confinant à un sentiment d’infériorité semant le doute de soi.

 

La preuve de notre existence comme « médecin des âmes » se voit dans les photos pré et post opératoires où l’on découvre le sourire (visage caché pour respecter l’anonymat de nos photos) sur le contrôle après chirurgie…


Dr Fabrice Poirier.


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